Nous allons partager les dernières nouvelles du monde de la Technologie Nouvelles des célébrités,Apk Android du divertissement et de gadgets.Télécharger l'application Apps Nous espérons que ces écrits que nous vous informons que toute bonne. Parce que la technologie continue d'évoluer son nom au jour le jour.
Un livre saisissant, indispensable, raconte l?"Europe barbare", celle de 1945 ? 1950.
Le 8 mai, nous avons f?t? l?anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais pour des millions de gens en Europe, le 8 mai 1945 n?a nullement signifi? la fin des horreurs. Dans toute l?Europe, et surtout ? l?Est, des drames inou?s ont perdur?, parfois encore pendant des d?cennies, avec des tortures et des massacres, des d?portations massives, des vols et des viols. C?est le portrait saisissant, voire hallucinant, de cette "Europe barbare 1945-1950", que dresse l?historien anglais Keith Lowe dans un livre qui se lit d?une traite mais glace le sang. Un livre qui r?tablit bien des v?rit?s cach?es par les "mythes historiques" que chaque peuple, chaque pays, chacun, a fait de la guerre. Le livre fut tr?s vite dans les hit-parades aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
Keith Lowe fait partie de ces jeunes historiens (il est n? en 1970) qui ont entrepris de r??crire l?histoire europ?enne au vu des archives d?couvertes ? l?Est, apr?s la chute du communisme. Son livre brosse, en une suite de chapitres tr?s document?s, un portrait de ce qui s?est produit en Europe, de l?ouest ? l?est o? l?horreur fut particuli?rement grande. Pour cela, il a d? affronter d?innombrables controverses et d?bats qui restent tr?s vifs. Sa th?se est qu?une guerre n?est pas finie quand un camp capitule. Il compare la Seconde Guerre mondiale ? un "superp?trolier labourant les eaux de l?Europe et dont la course tumultueuse ne s?arr?ta que plusieurs ann?es apr?s". Car, commence alors le sanglant chapitre de la vengeance sans fin, des nettoyages ethniques et des guerres civiles. La victoire de l?un est souvent la d?faite de l?autre. Et la Seconde Guerre mondiale cacha de multiples enjeux locaux et ethniques qui se r?veill?rent ? la d?faite nazie. Ce livre est une relecture n?cessaire de notre pass?. Il est aussi une le?on pour ce qui se passe aujourd?hui en Irak, en Afghanistan, en Syrie, au Rwanda, au Congo, en Yougoslavie dans les ann?es 90. O? les cycles d?horreur sont aussi des cycles de vengeance sans fin.
Destruction morale
Dans les milliers d?exemples donn?s par Lowe, on ne peut en citer que quelques-uns.
Les "bacchanales effr?n?es de nourriture, de boisson et de sexe" que firent des millions de personnes d?plac?es en Allemagne et qui avaient ?t? parqu?es dans des camps de travail. A Hanau par exemple, des centaines de Russes burent de l?alcool industriel qui en tua 20 et en paralysa 200. Les 11 millions de prisonniers de guerre allemands qui furent trait?s tr?s cruellement, en violation bien souvent de la convention de Gen?ve, "pour que le plaisir qu?ils ont ? tuer les soldats leur passe une fois pour toutes", justifiait un Am?ricain. En Yougoslavie, 80 000 prisonniers allemands furent ex?cut?s ou pouss?s ? la mort. Sur les trois millions de prisonniers faits par les Russes, un tiers est mort en captivit?. Les Allemands cherchaient ? ne tomber qu?entre les mains des troupes de l?Ouest. Ils avaient 90 fois plus de risques d??tre ex?cut?s s?ils ?taient captur?s par les Russes. En Europe centrale, la vengeance fut sans retenue. Des camps de concentration allemands furent rouverts pour y placer les soldats allemands et les soumettre ? des horreurs parfois semblables. Le taux de mortalit? y fut de 20 ? 50 % des prisonniers.
L??puration des collaborateurs se fit souvent avec une justice exp?ditive. En France, on ex?cuta entre la fin des hostilit?s et la Lib?ration, 9 000 collabos. En Italie, il y eut entre 12 000 et 20 000 tu?s. La vengeance ? l??gard des femmes et des enfants fut particuli?rement cruelle (lire ci-contre).
Keith Lowe souligne comment l?Europe, au lendemain de la guerre, ?tait dans un ?tat de d?labrement total, avec les destructions, l?absence de structures d?Etat, la faim et la mis?re qui rendent les hommes fous, soucieux seulement de survivre et de se venger. Surtout, la guerre avait fait ?clater toutes les barri?res morales. Le vol, le viol, le crime, l?exaction de masse n??taient plus per?us, souvent, que comme une juste r?paration.
Les juifs encore victimes
L?apr?s-guerre fut aussi l?occasion d?un nettoyage ethnique quasi g?n?ralis?. De nombreuses populations "profit?rent" de l?apr?s-guerre pour r?gler des haines parfois s?culaires. Et l?URSS utilisa cela avec machiav?lisme pour ?tendre son empire.
Le sort des juifs qui avaient par miracle ?chapp?s ? l?Holocauste fut dramatique. Ils furent chass?s de Pologne et d?ailleurs, subirent de nouveaux pogroms qui tu?rent, rien qu?en Pologne, 1 500 juifs. On agitait ? nouveau les mythes antis?mites comme celui du meurtre rituel d?un enfant. Trois cent mille juifs furent forc?s ? l?exil, et beaucoup prirent finalement le chemin d?Isra?l. Les habitants qui avaient vol? les biens des juifs ne voulaient plus les revoir. Une miracul?e des camps revenue dans son village fut accueillie par : "Tu as eu de la chance de ne pas ?tre rest?e ici, nous avons tellement souffert de la faim".
Entre la Pologne et l?Ukraine, il y eut un effrayant nettoyage ethnique. Des Polonais trait?rent des Ukrainiens de Pologne de mani?re cruelle pour effrayer les populations, avec des femmes tu?es, ?nucl??es, les seins coup?s. Des Ukrainiens firent de m?me chez eux, avec les Polonais. Les nouvelles fronti?res dessin?es par Staline amen?rent 1,2 million de Polonais d?Ukraine et de Bi?lorussie ? ?migrer vers l?Ouest. En "?change", les Polonais expuls?rent, du jour au lendemain, sept millions d?Allemands (11,7 millions avec les expuls?s de Tch?coslovaquie et d?autres pays de l?Est). Ceux-ci furent parfois bloqu?s ? la fronti?re allemande par les Russes et laiss?s pendant des semaines ? leur sort, sans abri ni soins, ni nourriture, mourant en nombre. Dans Prague lib?r?, on imposait aux Allemands de porter, cousue sur leur v?tement, la croix gamm?e.
La longue nuit sovi?tique
On devrait ajouter les Hongrois chass?s de Roumanie, et vice-versa. Les Chams albanais expuls?s de Gr?ce, les 140 000 Turcs et Tsiganes expuls?s de Bulgarie, etc. On a de la peine ? imaginer les horreurs que l?homme est capable de faire. Des soldats russes crucifi?rent des femmes allemandes ou les tir?rent nues derri?re les chars. En Yougoslavie, les charniers furent nombreux avec parfois des personnes enterr?es vivantes. On tua 70 000 collaborateurs et civils. Un t?moin raconte avoir vu un Oustachi ?corch? vif, et pendu ? une branche par ce qui lui restait de peau.
Keith Lowe raconte la terrible guerre civile en Gr?ce contre les communistes et, bien s?r, la mani?re forte et rus?e avec laquelle l?URSS mit son emprise sur toute l?Europe de l?Est o? par certains c?t?s (dans les pays baltes par exemple), la Seconde Guerre mondiale ne s?acheva que dans les ann?es 90.
Ne pas banaliser
Dans cette ?uvre d?historien, le risque serait de faire croire que les horreurs d?apr?s-guerre compenseraient les horreurs nazies. Et qu?on pourrait mettre sur le m?me pied les crimes des Allemands et leurs alli?s, y compris l?Holocauste, avec ce qui a suivi. C?est la man?uvre que tente souvent l?extr?me droite en ce d?but de XXe si?cle, de la Gr?ce ? la Hongrie. Mais l?historien insiste, au contraire, pour bien distinguer les deux et ne jamais banaliser le crime nazi.
On conna?t l?adage selon lequel si on oublie le pass?, on est condamn? ? le r?p?ter. Keith Lowe dit que le contraire est tout aussi vrai : le rappel incessant des "mythes nationaux" et des f?tes du souvenir peuvent appeler ? une vengeance perp?tuelle. "La vengeance d?un homme sera la justice de l?autre." D?autant que les histoires nationales font varier les chiffres. Un exemple : on estime que 60 000 ? 90 000 Polonais furent tu?s par les nationalistes ukrainiens durant la guerre. Mais les historiens polonais multiplient ce chiffre par cinq et les historiens ukrainiens le divisent par cinq.
Pour Keith Lowe, "les faits d?form?s sont plus dangereux que les faits r?els, Nous ne devons oublier ni les uns ni les autres et replacer les faits dans leur contexte". C?est ce que fait ce livre impressionnant qui ?voque aussi fr?quemment la situation belge.
"L?Europe barbare 1945-1950", traduit de l?anglais par Johan Frederik Hel Guedj, Perrin, 488 pp., env. 25 euros
Aucun commentaire: